Bashung - Livre d'or.

Bashung, par Dr Danche

Elégant, ténébreux, énigmatique.

Sa mort, à bout de souffle, me rend nostalgique à un point que je n'aurais pas cru.

Alors, juste pour faire hennir les chevaux du plaisir, juste pour prendre un dernier train à travers la plaine, voici cette photo souvenir (prise par un certain Ludovic Carème), dans une DS Pallas.

Ou plutôt dans une DSuper Pallassisée.

Bigre. C'est ce qui s'appelle rater sa sortie.

Bashung, par Jérôme

Bashung ou l'élégance extrême: point de tape-à-l'oeil, point d'ostentation gratuite: une DS? non, une DSuper.

Bref l'esthétisme pur, dans les moindres détails, d'où la nécessité de cet intérieur "tabac": pour Bashung, c'est normal, non ?

Volutes partent en fumée...

Bashung, par Tungstène

A l'arrière des berlines, on devine le poète qui avait un peu remplacé Gainsbourg dans le personnage du dandy jusqu'au boutiste, quelqu'un qui faisait rimer "DS" avec "gonzesse", et qui avait donc forcément compris quelque chose de plus que les autres.

[Station Service]: extrait

[...]
Le jour où le vice-président du Conseil
Est mort à l'arrière de sa DS
J'ai donné un coup sur les vitres fumées
Et j'ai consolé sa gonzesse
Elle m'a filé cent mille lires
En me demandant de ne jamais rien dire
[...]

Bashung, par le Professeur Petriman

Alain qui ? Qui c'est celui-là ?
Tout de même, aller trouver une allusion à la DS dans les textes de cet artiste dénote d'une connaissance pointue qui force l'admiration.
Moi qui en était resté au "Taxi de nuit" de Guy Marchand, je prends tout de go la mesure de mon inculture rockistique. Plus sérieusement, chapeau l'artiste pour ton oeuvre que je découvre sur le tard...
Madame rêve... pour l'éternité,
Même en DSuper pallassisée.

Bashung, par son agent

Dans son dernier album, "Bleu Pétrole", chez Barclay, Alain Bashung rend un hommage appuyé à la voiture mythique qu'est la DS, à travers les jeux de mots ambigus dont il était coutumier.

J'ai traqué les toujours, désossé les déesses
Goûté aux alentours, souvent changé d'adresse
Ce qui nous entoure, l'extension de nos corps
Quand nous sommes à l'écart, mineurs, chercheurs d'or

...

(in "sur un trapèze")

LES LENDEMAINS QUI TUENT, par micHel

Je l’ai croisé sur une petite bourse d’échanges, c’était noir de monde à perte de vue, avec le temps d’un week-end doux.

« J’passe pour une caravane », il me fait.
Il voyage en solitaire, hier à Sousse, demain à Ostende, jamais aucun express.

J’en avais pas, j’lui propose ma DS, la 2043 angora.
Elle était un peu avachie en position basse.
« Faites monter, ca cache quekchose ! »
Je la redémarre dans la foulée.
C’est bon, il apprécie : « Bijou, bijou ! ».  Un vrai aficionado. Fan ! On va faire un tour. « Bombez ! » il m’ordonne. Elle fait l’avion. Intrépide malgré la fièvre, toujours sur la ligne blanche, j’écume. L’imprudence !

Tout d’un coup, malédiction ! Qu’a la bougie ? Elle s’fait rougir toute seule.
C’est comment qu’on freine ? On finit à la station-service. Y’a des jours !
Heureusement ça se démonte comme un Lego. White spirit, bistouri, scalpel, blablas, lavabo.
Animal, on est mal. J’envisage des retours en procession, à la ficelle.
Légère éclaircie,  that’s all right mama, pas question que j’perde le feeling.

Dehors, dans la foulée, métamorphose :
“Well all right she belongs to me.”
Les mots bleus ! Madame rêve. Ma petite entreprise, c’est Lou ravi !

Et puis il me sort : « Poisson d’Avril, la nuit je mens ».
Élégance !... Mes bras m’en tombent. Outrage.
Martine boude. Le tango funèbre. Not tonight Joséphine.
Stille nacht.

Le lendemain, j’ai longtemps contemplé mon cendrier neuf d’origine qu’il m’avait niqué avec tous ses mégots et leurs volutes.